Accompagner son enfant de la dépendance à l'autonomie / Conférence d'Armelle Brunot / 13 mars 2012

13 décembre 2012

Accompagner son enfant de la dépendance à l'autonomie / Conférence d'Armelle Brunot / 13 mars 2012

Accompagner son enfant : de la dépendance à l'autonomie

Conférence d'Armelle Brunot - mardi 13 mars 2012 (Villefontaine)

psychologue en analyse transactionnelle

Ce compte-rendu provient de mes notes. Souhaitant n'avoir fait aucune erreur de compréhension.
Sinon vos corrections/remarques sont les bienvenues en commentaires

Introduction

"Comment aider l'enfant à passer de la dépendance à l'autonomie" pose le questionnement parallèle du "comment aider le parent à passer plein d'étapes dans sa vie" :

des moments de séparations
des moments de deuil
des moments de détachement

Le rôle du parent selon Armelle Brunot : "Rester exigent, demeurer indulgent ... et être tendre avec soi-même !"

Quelques définitions :

LA DEPENDANCE : ne pas être autonome pour réaliser ce qu'on a envie de faire.

L'AUTONOMIE : 1. c'est différent de la débrouillardise / 2. c'est différent de l'indépendance. / Être autonome, c'est agir par soi-même pour répondre à ses propres besoins et demander de l'aide quand je suis en difficulté.

>> Le rôle du parent : 1. apprendre à l'enfant ce qui se passe en lui > développer son écoute intérieure / 2. apprendre à l'enfant le risque de s'affirmer comme il est.

L'autonomie est une liberté intérieure qui se prend, qui s'acquiert, qui se conquit. Pour cela :

je dois savoir ressentir en moi mes besoins
je dois pouvoir en faire quelque chose
je dois avoir la liberté d'en assumer les conséquences pour moi et autrui

(FRANCOISE DOLTO)

La période d'autonomie se situe entre 24 et 28 mois. L'enfant s'autogère dans les actes du quotidien (si les parents l'en lui laisse la possibilité !!!)

se laver
s'habiller
se coucher
manger
la propreté ...

Puis c'est l'entrée en école maternelle où il est obligé d'être autonome car il n'y a que deux adultes pour 25 enfants ! Plus il sera dépendant, plus ce sera compliqué pour lui.

L'autonomie pour l'enfant se construit à travers une série de renoncements appelé aussi castrations. Une castration est une limite imposée par les parents (l'enfant ne le fera pas pour lui-même). Elle est la dynamique de l'autonomie car si une force pousse l'enfant à grandir, une autre contradictoire lui donne de la retenue pour quitter ce qu'il sait (bien) faire. La castration du parent consiste à lui barrer la voie dans laquelle il prend plaisir et lui manifester un non-retour. Cet abandon le met en souffrance mais c'est la seule façon pour lui d'accéder à l'évolution (nouvelle liberté). Il perd un monde établi et facile pour s'ouvrir à un autre monde qui implique l'acquisition de nouveaux apprentissages. En parallèle, la mère va perdre de son "pouvoir" et le père prendre plus de place. Ce n'est simple pour personne !!!

1ère castration : la castration du cordon ombilical

Lorsqu'on coupe le cordon ombilical, la séparation est double :

séparation du bébé avec le corps de sa mère
séparation du bébé avec son placenta (une cellule qui faisait partie de sa matrice). Ce qui veut dire une séparation avec lui-même.

= il y a donc une disparition de tous les repères intra-utérins qui existaient pour lui.

Il y a également une castration pour les parents : le réel avec l'arrivée de l'enfant chasse l'imaginaire. L'enfant rêvé ! L'enfant fantasmé ! La mère peut être déçue par le sexe, la physionomie du bébé, etc ... tout comme le père. Parfois la rencontre mère/enfant peut prendre du temps si la réalité ne plait pas. Il peut y avoir une vraie souffrance chez la mère à intégrer l'enfant dans le réel. Cette castration est nécessaire pour reconnaître l'enfant comme existant.

1. je reconnais mon enfant AINSI ===> 2. l'enfant EST ===> 3. je modifie mon attitude

2ème castration : la castration orale

Elle correspond à la fin de l'allaitement. F. Dolto la met vers 6-8 mois avec l'apparition des 1ères dents, ce qui ouvre une possibilité de changement dans l'alimentation (diversification).

Séparation de la bulle "mère/enfant".

L'enfant doit se détacher de sa maman pour explorer l'espace avec la bouche. On passe du "je mange ma mère" à "je mets le monde dans ma bouche".

La mère doit céder cette place et remettre de la distance. On quitte le corps à corps. Pour l'enfant, c'est une ouverture à la communication par le regard, la voix, le geste. La mère a le droit d'être "mal" avec ça, car elle quitte une relation érotisée (déf. : avec une énergie de pulsion de vie)

Etape suivante : explorer l'espace avec les mains. Nouvelle liberté, nouvelle jouissance jusqu'à ce qu'on l'en empêche.

Etape suivante : retour à la bouche avec l'apprentissage du langage. Le langage est un accès à l'humanité. Il est une introduction à la relation aux autres. L'enfant peut entrer en interaction sans forcément passer par sa mère. On lui parle, il répond ! Le langage est un accès à l'autonomie car l'enfant met des mots sur ce qui se passe à l'intérieur de lui. Le langage permet à l'enfant d'être en relation avec lui-même. Il faut être en distance suffisante avec soi pour pouvoir sentir en soi.

Toute castration a un bénéfice. Celui du langage permet la relation à soi et à l'autre en direct.

La séparation peut être difficile pour une mère : 1/ Parce qu'elle appuie sur un manque affectif passé ou présent qui est comblé par l'enfant. 2/ La mère est en symbiose avec sa fonction : "à quoi je sers si mon enfant n'a plus besoin de moi ?".

3ème castration : la castration anale (de 18 mois vers 3-4 ans)

Son bénéfice : accès à l'autonomie physique.

L'agressivité qui était dans la bouche du bébé => passe aux mains => passe aux pieds (l'enfant semble malaxer le sol). C'est la période où il dit "J'chuis grand maman !"

Il veut tout faire tout seul comme les grands. Il faut l'encourager à se passer de nous pour satisfaire ses besoins. Aller aux toilettes, s'habiller, se laver ...

Le rôle des parents :

Sécuriser l'espace pour empêcher le danger sans empêcher l'exploration (parc). Sécuriser par la parole quand parent et enfant sont dans une pièce différente
"Mamaïser" l'espace : expliquer l'espace à l'enfant, lui parler des gens, des objets qu'il voit, ne connait pas. Tout en l'encourageant à explorer autour de lui, lui expliquer les règles de vie pour ne pas qu'il soit en danger.
On l'aide à faire avec les mains. On lui apprend à se servir de ses mains. En gardant à l'esprit que tout apprentissage à un temps d'adaptation. Nous devons admettre les erreurs de nos enfants : encourager + ré-encourager + croire en lui / par exemple quand il apprend à mettre un bouton ou faire ses lacets ou glisser une fermeture éclair ... Si besoin nous pouvons passer par le jeu c'est très concluant.
Le "savoir boussole" : pour chaque acte il y a un savoir technique identique pour l'enfant et l'adulte. Dire à l'enfant que quand on est né, on ne savait pas non plus le faire. Exemple : ouvrir une boite de conserve.

Tout cet apprentissage est CLE pour développer son intelligence. C'est une CLE pour la sécurité de l'enfant. Ce sont des règles de protection. L'enfant doit comprendre par lui-même que ses règles données par le parent le met en sécurité => il devient alors un être à part entière. Expérience + limites = sécurité.

Cet apprentissage qui mène à l'autonomie fait des renoncements pour la mère. 1/ Elle renonce à toute sa puissance qu'elle a ressentie devant l'impuissance de son bébé. 2/ Elle renonce aux émotions agréables qu'elle a en s'occupant de son petit. 3/ Il faut beaucoup de tolérance et de patience.

La castration anale est une étape de progression avec 2 axes d'apprentissage :

1. La maîtrise du mouvement par l'enfant se finit avec le contrôle des sphincters = l'âge de la propreté. Ilvient quand l'enfant sait monter et descendre un escalier et qu'il y prend plaisir. Le désir est le moteur de la vie ! le parent doit soutenir l'enfant et lui indiquer le lieu des toilettes. Attention, l'enfant a très tôt le sentiment de sa dignité. Un bébé peut ressentir l'humiliation et la vexation.

2. En parallèle, il y a la maîtrise de la loi - des règles de vie communautaire - pour la survie de la société

POURQUOI ? L'enfant fait de plus en plus de choses et devient potentiellement dangereux. Si on ne met pas des limites, lui va continuer de changer. => la loi est immuable et rassurante pour l'enfant + elle est la même pour tous.

CONCRETEMENT : Il a le droit d'être en colère. Il a le droit de tout désirer. Il n'a pas le droit de tout réaliser. Il n'a pas le droit de voler (vandalisme), de tuer (meurtre).

La maîtrise de lui-même est l'aboutissement des acquis précédents (autres castrations). Par exemple : il ne peut imaginer que l'autre vit quelque chose que si lui a ressenti des choses en lui. Il y a un lien entre le vécu intellectuel et ce qui se passe dans mon corps.

Le rôle de l'adulte par rapport à la loi : Enoncer l'interdit qui concerne tout le monde > l'enfant, le parent, la société. Le parent doit être cohérent entre ce qu'il dit à l'enfant et ce qu'il fait (ex. on ne tape pas). Il faut faire respecter l'interdit :

le verbaliser
tu ne recommenceras pas, sinon il y a une sanction
la sanction est en rapport avec le fait et l'apprentissage de la loi pour empêcher l'enfant de refaire la transgression. Il faut proposer une sanction réparation. Et une sanction dans laquelle l'enfant n'est pas assimilé à son acte.

PHASE DE DEVELOPPEMENT PARALLELE AUTOUR DE 30 MOIS (2 ANS 1/2)

L'enfant remarque la différence ses sexes.

décrire l'anatomie aux enfants avec les vrais mots parce que la sexualité est universelle
s'il pose la question du "sexe", c'est qu'il est prêt. Sinon ne pas le devancer.
expliquer de manière humanisée et joyeuse (par exemple : comment on fait les bébés). Mentionner les mots : désir, plaisir, joie, amour ...
parler sans érotiser

En profiter pour enseigner les interdits :

non à la sexualité entre enfants, entre adulte et enfant
non à l'inceste (dans la même famille)
respecter la vie des parents (il y a un espace où l'enfant n'a pas accès)

Cette découverte de l'autre sexe (ou autre sexuel) ouvrent sur 2 points :

la difficulté : cela fait une brèche pour l'enfant parce qu'il comprend qu'il n'est pas tout (= je suis incomplet)
l'aspect positif : je prends conscience que j'ai besoin de l'autre

3-8 ans : Oedipe

Cette expérience est une profonde transformation de tout l'univers de l'enfant. C'est comme s'il passait d'un monde en 2D à un monde en 3D. Concrètement, l'enfant passe d'un monde entre "lui-papa/maman" à "lui-papa/maman-la société".

Il va devoir renoncer à ce sexe opposé et/ou s'identifier au sien :

Le petit garçon renonce à sa mère et se rapproche de son père
La petite fille renonce à son père et se rapproche de sa mère. Mais c'est une situation complexe parce que l'enfant se sépare aussi de sa mère "maternante" pour grandir.
NB : le chemin des petits garçons semblent se tracer tout droit, celui des filles semblent lui tournicoter !

Le complexe d'Oedipe a deux étapes :

étape 1 : L'enfant doit lâcher la relation. Il fait le choix de renoncer à son parent opposé
étape 2 : L'enfant doit lâcher le désir. Il fait le deuil de son désir
NB : L'enfant va devoir faire son chemin pour se détacher et le parent ne peut le faire à sa place. (Je n'ai pas eu le temps de relever complètement la citation au vol mais Françoise Dolto parlait pour l'enfant "d'un travail de titan").

8-11 ans : période de relâchement

L'enfant découvre les copains qui sont : 1. des ailleurs affectifs / 2. des "moi" auxillaires.

Les parents doivent avoir une vie bien à eux. Ainsi les enfants vont pouvoir se centrer sur la leur. Les parents sont : l'autorité, la liberté, la confiance, la prudence, l'absence ...

Si l'enfant pose une question à laquelle on ne sait pas répondre, on a le droit de lui dire : "Là je ne sais pas faire. J'apprends avec toi. Je réfléchis et je te réponds plus tard". Les points d'appuis de l'enfant peuvent aussi être les amis et des adultes extérieurs. Famille, parrain/marraine, amis des parents ou parents d'amis ...

Adolescence

Les parents doivent poser des limites qui ont du sens pour le jeune.
Il faudrait pouvoir autoriser l'échec car les parents sont un filet pour le jeune trapéziste qui tente de prendre son envol.
On doit accepter le conflit.
Il faut que l'adolescent se sépare de ses parents et qu'il parte de la maison pour vivre sa vie.
Un jeune qui part, c'est le vide qui apparait.
Ce passage clot l'éducation. Ensuite vient une relation d'adulte à adulte

Notes