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Marion Fleurs
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14 décembre 2012

Les maladies à vendre (les inventeurs de la maladie) P.4 / A. Georget, M. Borch-Jacobson / ARTE Documentaire 08.11.2011

Vidéo de présentation : https://www.filmsdocumentaires.com/films/1517-maladies-a-vendre

Les maladies à vendre (les inventeurs de la maladie)

Réalisateurs : Anne Georget & Mikkel Borch-Jacobson
55 min - ARTE Documentaire, diffusé le 8 nov 2011

Après l'avoir vu, j'ai eu envie de retranscrire toute la bande-son de ce documentaire stupéfiant sur la manipulation des laboratoires pharmaceutiques à notre égard dans le seul but de s'enrichir ... en nous rendant (de + en +) malades bien sûr. Il y aura quatre parties car ma démarche prend du temps, accrochez-vous ... pour un voyage dans le monde de l'auto-destruction.

 

Maladie à vendre : partie 1 ; partie 2 ; partie 3

 


 la science force de vente (#2) - (partie 4)


Publicité française : Franck Leboeuf "Vous êtes jeune et vous souffrez d'un mal de dos persistant. Un vrai cauchemar quotidien. Même au repos la douleur vous enflamme. Ce mal de dos peut cacher une spondylarthrite ankylosante. Une maladie douloureuse et handicapante qui se traite bien si on la dépiste à temps. La spondylarthrite ankylosante parlez-en à votre médecin". (Voix off) : Informez-vous sur www.dosaumur.com / une initiative de la société française de rhumatologie en partenariat avec Pfizer.

Jennifer Fishman - Sociologue, McGill Université

"L'internet permet aux gens de sentir qu'ils se prennent en charge. En allant chercher toute l'information médicale possible et imaginable. Ils peuvent aller directement sur les sites des journaux médicaux. Ils peuvent trouver des tas de sites avec des données médicales où les maladies sont répertoriées, décrites. Ils peuvent échanger avec leurs amis ou sur des forums avec des gens souffrant des mêmes mots. Il y a cette idée que non seulement les gens ont ainsi plus de pouvoir mais que c'est ainsi qu'ils seront de bons patients. Qu'un bon patient doit connaître toutes ces informations avant même d'aller chez le médecin. Que vous n'allez pas voir le médecin en vous en remettant à son autorité mais qu'il y aura comme une négociation avec lui autour de votre traitement. Evidemment il y a là un piège car internet cache très bien la provenance de l'information."

Antoine Vial - Membre de la Haute Autorité de Santé (France)

"Je vous propose de faire quelque chose. Je viens d'apprendre en sortant de chez mon toubib que le mal de dos que j'ai depuis des années. Que je me traine et qui fait que le matin j'ai du mal à me réveiller, que j'ai l'impression d'être complètement rouillé, que je mets une heure à me dérouiller ... et que la douche n'y suffit pas ... et bien justement j'ai vu à la TV au moment de la Coupe du Monde de Football ce spot de Franck Leboeuf où il disait finalement "le mal de dos c'est la "spondylarthrite ankylosante" et il y a un médicament qui existe". Quand je suis rentré de chez mon toubib, j'ai été voir sur mon internet préféré. J'ai tapé le nom de cette campagne facile à retenir puisqu'elle s'appelle : "dos au mur" ! (...)

Site internet : Tony "J'ai découvert ma maladie en 2000, elle a été diagnostiquée suite à des douleurs répétées au niveau des cervicales. / Dr Emmanuelle Dernis, chef du service de rhumatologie au centre hospitalier Le Mans : "la spondylarthrite ankylosante est un rhumatisme inflammatoire qui se caractérise par des douleurs nocturnes et des dérouillages matinales essentiellement.(...)"

Si je continue d'écouter ce film, finalement je vais me dire : il me parle de mal de dos et tout ce qu'il décrit comme symptômes de façon précise ; il vient de dire le soir il est fatigué, moi aussi je suis fatigué. Le matin, il a du mal à se déverouiller, moi aussi j'ai du mal à me déverouiller ... Bref je me retrouve bien dans ce témoignage. Alors je veux en savoir plus, j'ai vu qu'il y avait un grand Docteur (...)

Site internet : Dr René-Marc Fipo - secrétaire général de la société française de rhumatologie "les sociétés savantes comme la société française de rhumatologie n'ont pas pour objectif unique de faire des travaux scientifiques dans des laboratoires qu'on appelle des travaux fondamentaux. Les sociétés savantes ont aussi pour mission de participer à toutes les actions qui conduisent à mieux connaître les maladies rhumatismales (...)

Déjà cette "société savante" ça fait sérieux. Et je vois déjà une chose qui m'étonne, c'est que je vois derrière ce monsieur qui est donc un professeur des hôpitaux publiques ; je le vois avec derrière lui en fond d'écran "Pfizer". Et c'est marrant  parce que je le vois en haut à gauche et en bas à droite. C'est drôle parce que je me rappelle avoir écouté un ami spécialiste du marketing m'expliquer que c'était les deux endroits importants dans une image à partir du moment où le centre était occupé par quelqu'un. Et donc, bon, Ce n'est peut-être pas un hasard si finalement j'ai cette image. Tout ce que va me dire finalement ce docteur c'est quoi ? Si je résume : il y a 150 000 personnes qui sont atteintes par an. Qui sont des personnes jeunes. Que c'est des signes finalement assez banals ; et d'ailleurs c'est tellement banal que lui-même ce professeur appelle ça le mal de dos. Mal de dos des jeunes, c'est le mot même qu'il utilise. Mais il me fait peur. Il me fait peur ce toubib parce qu'il me dit que mon truc ça peut être invalidant. Et pis, sérieusement invalidant. Il me fait peur mais ce qui est bien aussi c'est qu'il me dit : d'accord ça touche peu de monde, ça peut faire très mal, ça peut être très invalidant mais il y a un traitement qui existe et mais il est remboursé à 100% par la sécurité sociale.

Site internet : (...) par ailleurs aujourd'hui on dispose d'outils diagnostic avec de la radiologie moderne qui peut permettre de faire des diagnostics plus précoces. Et surtout et surtout, on dispose aujourd'hui de traitements particulièrement efficaces depuis quelques années (...)

(...) Le problème de ce médicament c'est qu'il a des effets secondaires considérables. Qu'on ne peut pas encore bien analyser parce qu'on n'a pas encore assez de recul. Mais ce qu'on suppose c'est que ce médicament a des répercussion cardio-vasculaires et probablement aussi est un facteur de cancer. Ce que j'oublie de vous dire c'est qu'il coûte 1 880 euros par traitement."

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Sandra Van Nuland - Institut Néerlandais pour un usage rationnel des médicaments

"Notre institut étudie l'industrie pharmaceutique. Comment elle fait pression. Comment elle vend les médicaments. Comment elle tente d'influencer les patients, les médecins, les gouvernements, les médias. L'objectif est de réduire cette influence pour avoir une utilisation plus rationnelle des médicaments. En collaboration avec une émission de défense des consommateurs, nous avons inventé une fausse campagne publicitaire. Nous voulions montrer comment l'industrie pharmaceutique monte des campagnes d'information sur les maladies pour vendre ses médicaments. Nous avons approché une agence d'études marketing en leur disant que nous étions mandatés par un important laboratoire pharmaceutique qui souhaitait sortir un médicament contre la flatulence ; et nous voulions une enquête pour montrer l'étendue du problème (...)

Publicité hollandaise : "Une personne sur quatre a des problèmes de flatulence. 86% de ces personnes souffrent de ballonements, crampes à l'estomac ou nausées. 75% ont des problèmes psychologiques, comme la honte ou un manque d'assurance. 76% n'ont jamais consulté pour des raisons de flatulences. Et plus de la moitié aimerait prendre un médicament.

(...) on a fait ce prospectus avec la photo d'une dame et des ballons. C'était pas mal des ballons avec l'idée du vent, la flatulence, l'air ! C'est comme ça que procède l'industrie pharmaceutique, en utlisant des patients souriants puisque leur problème est résolu. Nous sommes allés voir des médecins et ils ont tous acceptés que nous déposions ces prospectus dans leur salle d'attente. Ils ont trouvé que c'était une chouette campagne et ils n'ont posé aucune question pour savoir qui était derrière, quel laboratoire, quelle association de patients ? Rien. On a pu déposer nos posters et nos tracts sans problème. On avait aussi des témoignages de patients souffrant de flatulences. Par exemple ma fille était une fausse patiente dont les camarades se moquaient à l'école. Sa maitresse lui disait que ça n'était pas bien de péter en classe, que c'était impoli. Mais tout se finissait bien ! Le médecin donnait une pilule et le problème était réglé. Nous avons contacté des émissions de TV, des émissions d'informations et de divertissement. Et nous avons demandé s'il était possible de parler de la flatulence et la réponse a été "oui". Une série TV très populaire aux Pays-Bas ("Les bons et les mauvais jours") a même proposé pour 50 000 euros que dans un épisode l'un des principaux personnages discute avec sa femme de son grave problème de flatulences. Sa femme lui conseillerait de consulter le médecin. Il serait filmé dans la salle d'attente où l'on verrait notre poster et notre prospectus."

 


 la vie, une maladie d'avenir


Dr Jeremy Green - Historien de la médecine, Havard University (US)

"La polypilule a été annoncée dans une édition spéciale du British Medical Journal en 2003. La préface de l'éditeur stipulait que c'était sans doute là, l'article le plus important que le BMJ ait jamais publié et publierait jamais. C'est assez impressionnant quand on sait que la polypilule était complètement théorique. L'auteur de l'article suggérait que plutôt que de tester systématiquement la population pour l'hypertension, le cholestérol, le diabète, etc ... Pourquoi ne pas tout simplement donner à toute la population à partir d'un certain âge une pilule qui contiendrait de quoi soigner toutes ces maladies en même temps ? La polypilule dans sa forme théorique contenait : un diurétique, un béta-bloquant, un inhibiteur de l'ECA, de l'acide folique et de l'aspirine. L'idée était de composer en fonction des bénéfices et des effets secondaires des uns et des autres pour que tout soit bien équilibré. Et ainsi, disait l'auteur de l'article, on pourrait diminuer la mortalité par maladie cardio-vasculaire de 88%. Tout simplement en prescrivant cette pilule à toute la population de plus 50 ans. Alors que cela semble une perspective assez (?) la polypilule a généré tout de suite un grand enthousiasme. Des centaines de gens ont écrit sur le site web du journal pour dire que si une telle pilule existait, ils la prendraient immédiatement. D'autres interrogeaient pourquoi seulement une polypilule ? Pourquoi pas une pour les hommes qui contiendrait un médicament contre le cancer de la prostate ? Et une polypilule pour les femmes avec du damoxyphène pour réduire les risques de cancer du sein ?

 

Professeur Philippe Even, Président de l'Institut Necker (France)

"Donc la vous vous embarquez pour la durée de l'existence qui vous reste à vivre ! Vous voilà donc pendant trente ans avec un comprimé par jour pour prévenir des maladies que vous avez, l'une ou l'autre, à peu près une chance sur cent d'acquérir."

 

Docteur David Healy, spécialiste en psychopharmacologie (US)

"Mais que se passe-t-il ? La médecine est devenue folle ! Elle a perdu tout sens de ce qu'est un risque raisonnable ou non. Il faut se souvenir de la phrase du médecin français Pinel sur l'art de la médecine : "C'est bien de savoir donner un médicament pour traiter une maladie. Mais c'est un art plus grand encore de savoir quand il ne faut pas traiter". Et cet art nous l'avons perdu. Nous l'avons perdu parce que nous ne pouvons pas dire "non" au marché.

 

Les laboratoires pharmaceutiques Eli Lilly, Novartis, Pfizer et Sanofi-Aventis n'ont pas souhaité répondre à nos question.

FIN

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