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Marion Fleurs
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9 décembre 2012

Une bulle de 2,5 tonnes

 

Il avait été livré mercredi et prenait la moitié de notre allée. Un tas de bois pour finir l'hiver au rythme de la cheminée. 2,5 tonnes de bûches à ranger quelques mètres plus loin sous l'abris dédié. Normalement c'est mon zhom qui s'y colle ; là je voulais lui faire la surprise de tout dégager dans la journée afin qu'il profite de son vendredi AM pour amener fiston number one au ciné.

J'ai donc commencé mon gros oeuvre avec cet état d'esprit : faire plaisir à mon compagnon ! La première heure, j'ai travaillé lentement, à la recherche des très gros troncs fendus ou ronds pour installer une base et des piliers bien solides. J'ai farfouillé, fait le tour, grimpé sur cette pile de quilles qui me nargait. Mon fils interrompait mes réflexions quand il voulait que je le regarde sauter ou m'apportait une branche à ranger. Mon mental était à bloc.

La deuxième heure, entre midi et treize heures, je n'ai fait que compléter des tronçons alors mes pensées ont commencé à s'évader. J'ai imaginé de nouveaux ateliers et conférences autour des Fleurs. Puis je me suis intéressée au bruit de mon quartier quand les gens rentraient manger. Une bavette avec mon voisin de droite. Le bonjour à un autre qui venait visiter ses parents. Quelques idées d'occupations à mon garçon, avant qu'il ne rentre fatigué. Là j'ai fini en roue libre jusqu'à ce qu'il ouvre une fenêtre pour me dire : - "Maman je veux manger du riz au lait !". Je suis rentrée et le temps que la recette cuise, nous avons joué sur notre petite table noire. Devant notre repas simple et "riche", j'avais l'impression de reprendre des forces pour l'après-midi. Me restait encore mille cinq cents kilos de bois à rentrer et cela ne me faisait pas peur. Bien au contraire.

Un vent a chassé les nuages et je me suis remise au boulot en plein soleil à 14h20, j'étais trop bien. Et c'est là que ma vraie bulle d'oxygène est arrivée. Habillée pour du bricolage. A moitié sale. Les mains gantées pour les protéger. Suffisamment de "silence routier" autour de moi pour entendre les oiseaux fêter la chaleur, j'ai repensé à ce livre merveilleux que j'ai lu et relu et relu au moins dix fois. Une année à la campagne de Sue Hubbel.

 

sue-hubbell

Et je me suis vue aux côtés de cette femme américaine qui au début des années 80 a quitté la ville pour rejoindre la nature. Elle s'est installée loin de tout, pour finalement élever des abeilles. Il fallait bien vivre ! Accompagnée de son mari puis seule quand il a décidé de retourner à la société de consommation. Dans ce livre elle raconte le cycle des saisons, le cycle de son travail d'apicultrice, ses rencontres avec les animaux sauvages, sa découverte de la nature. Car même si elle a fait des études de biologie puis travaillé comme bibliothécaire - il y a un grand écart entre les connaissances théoriques et ce qu'elle voit autour d'elle en vrai. La façon dont elle nous partage son quotidien me touche profondément. Je me sens au coeur du vrai. Une vie simple faite de gestes simples et qui apporte tant de joie, de richesses, de bonheur. Elle semble être au plus prêt d'elle-même. Je ne sais pas pourquoi j'ai orgueilleusement eu la sensation d'être comme elle tout à l'heure. Je pense tout bêtement que la simplicité de cette ativité de rangement a permis à mon mental de se mettre en veille et j'ai pu accéder à une dimension plus sincère avec moi-même. Peut-être ce qu'on appelle la plénitude.

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15h00                                                                                                              15h30

 

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16h30

 

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